L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST | ||
Patrick,
parlons de ton actualité la plus brûlante, la sortie d'un double
album live sur le label Dixiefrog, que peux tu dire sur la genèse
de ce disque ? Oui, c'est tout brûlant, tout chaud. Ça sort du four si on peu dire . Ce disque a été enregistré il y a un an. Nous avions eu la chance de nous produire au Jazz Club Lionel Hampton de l'hôtel Méridien à Paris. C'est un endroit que j'aime bien et où nous avons déjà eu l'occasion de nous produire assez souvent. On y joue en principe une semaine. Ce qui nous laisse le temps de nous
y installer. Le temps de faire un bon son, d'avoir une bonne balance et
surtout de s'y sentir à l'aise, de se sentir comme à la
maison. En général ils nous fournissent même une ou
deux piaules. Donc vraiment on est un peu comme chez nous. Je me suis donc dis que c'était peut être l'occasion ou
jamais de faire un album live ce dont j'avais toujours l'appréhension. Sur scène, c'est une recréation au quotidien. Tous les
jours c'est différent, ça dépend de l'ambiance, du
public. Si le batteur a eu un tour de rein le matin, ou le pianiste s'est
réveillé du mauvais pied ça peu changer pas mal la
tonalité des chansons. Là c'était vraiment l'occasion qui faisait le larron. Sur
5 jours de suite, s'il n'y a pas un jour où les prises sont bonnes,
c'est que nous sommes vraiment vieux et mauvais à jeter ! C'était une émission sur le blues, avec des bluesmen où il y avait beaucoup de séquences " live " et de rencontres. J'en ai choisit quelques unes que j'ai fais figurer sur cet album. Peux-tu nous parler du groupe qui t'accompagne
sur le disque ? C'est le sextet de base que l'on a eu pendant les 5 jours. Il y en a d'autres qui sont venu mais je n'ai pas pu tout garder. Par
exemple Ahmed Mouici ex membre des Pow Wow qui est venu un soir
et a fait une version merveilleuse de "Kansas City" ;
malheureusement le micro est tombé en panne et il n'a pas été
possible de garder la prise. Ceci est un regret
. Peux-tu nous parler du répertoire disque
? J'ai donc décidé de garder ce morceau qui avoisine les
10 minutes. Il y a de quoi se réjouir les oreilles et je suis vraiment
très fier de ce disque. C'est un aboutissement qui reflète
ce que je fais depuis une vingtaine d'années. Ce disque est un inventaire de ce que je propose depuis 30 ans, ce qui ne veut pas dire que je ne vais plus chanter les anciennes chansons qui le constituent. Au moins je n'aurai plus à faire 700 kilomètres pour permettre aux gens de découvrir une version " live " de " St James Infermary " par exemple. Ce devait être une grande émotion
de mixer les morceaux issus de ton émission de radio, je pense
aux titres avec Luther Allison
Depuis ton voyage aux USA, on ressent dans ta
musique l'influence de la Louisiane, peux tu me parler du choc culturel
provoqué par cette ville ? En fait ce n'est pas vrai car outre l'aspect touristique, il y a surtout de la superbe musique et surtout un mélange, un brassage. Le fait d'entendre les cajuns chanter en français a provoqué chez moi un vrai choc émotionnel. Les gens chantaient du blues et du rock'n'roll en français en faisant sonner les mots comme nous on y arrive pas. Ceci parce qu'ils ont cet accent, ils sont pétris de cette culture et c'est leur patrimoine. En plus ils s'y accrochent très fort, car pour eux le français est une langue en voie de disparition. Il y a cette volonté de faire passer le message et de préserver la langue. Ici ça nous paraît naturel, mais là-bas on prend conscience que c'est vachement beau. La langue est une chose mais derrière la langue se cache un grand patrimoine commun. Pour moi c'était faire le tour du cercle, car j'étais parti
du rock français des années 60, puis j'ai découvert
les pionniers du rock américains et de fil en aiguille les bluesmen. Avant j'avais toujours un doute sur la langue à utiliser pour
chanter, maintenant cela ne me pose plus de problème. Gardes tu de bons souvenirs de l'aventure "
Autour du Blues " ? Vous vous retrouvez souvent entre musiciens de
blues français ? Ceci parce que cette aventure nous a tous marqué. Pour moi rencontrer
Beverly Jo Scott. C'était merveilleux car elle est pour moi la
vrai " sister ". Avec qui aimerais tu encore jouer ? En France il y a Eddy Mitchell avec qui j'aimerai jouer car j'ai beaucoup d'admiration pour le chanteur, l'auteur mais aussi pour le bonhomme. Je le connais, on se croise des fois au bar du Méridien où il vient prendre une menthe à l'eau (rires). Il est un peu bourru comme personnage mais c'est un truc que j'aime bien et je suis un peu comme ça aussi des fois. Nous n'avons jamais parlé ensemble de ton
passé avec le groupe Magnum, as-tu encore des contacts avec les
membres du groupe et est-il envisageable qu'un jour sortent des rééditions
de vos disques ? J'ai revu par hasard Jean-Pierre Prévotat, le batteur,
je sais qu'il continue à jouer à droite à gauche.
Jacky Chalard, lui cours les conventions de disques. Les autres
je ne sais pas trop
. Il y a pas mal de pointures qui sont passées
par le groupe telles que Jean-Yves d'Angelo, le " pianiste
des stars ". Nous reprenions par exemple les " Sultans du swing " de Dire Straits. J'avais eu droit à la poignée de mains et aux félicitations de Monsieur Knopfler lui-même, j'étais très fier ! As-tu de nouveaux projets, tu continues à
composer ? Personnellement, je voudrai tourner beaucoup, je ne demande que ça car cette année a été un peu maigrichonne au niveau des concerts, mais on ne peut pas avoir toujours 200 concerts par ans. D'autre part il y a toujours l'Acadie qui reste un point fort
et il y a beaucoup de municipalités en France qui voudraient développer
des liens avec la communauté acadienne au Canada ou en Louisiane.
Elles m'ont demandé de servir de " guide " pour cela
et je dois dès cette semaine rencontrer des élus pour mettre
au point des programmes pour 2006-2007. Cet aspect ludique de la musique te tient visiblement
toujours autant à cur Derrière la langue il y a toute une culture et il est vrai qu'aux USA et même au Canada, les gens sont anglophones. Derrière, il y a toute cette culture protestante où l'on doit référer soi-même devant Dieu de sa conduite, donc on fait attention aux débordements. Au contraire les acadiens et cajuns sont majoritairement catholiques et ont cette notion du pêché qui peut être absout et donc on hésite pas le samedi soir à jeter tous les tabous par dessus tête et à s'en donner à cur joie . C'est quelque chose qu'il faut défendre car ça fait partie de notre culture francophone et " laissons le bon temps rouler " ! Ce pourrait être une excellente conclusion
mais as tu autre chose à ajouter ? En conclusion alors citons Patrick Verbeke "
Quand t'as mal le blues te fait du bien " ! |
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Les liens : Interview réalisée au Studio ADIMA - Paris 18ème le 18 avril 2005 Propos recueillis par David BAERST
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